Franz Schubert
Sonate pour piano et arpeggione en la mineur D 821
Une bonne intention n’est jamais assez bonne (d’après Kurt Tucholsky): l’Arpeggione, cette sorte d’hybride – une grande guitare frottée par un archet – n’a jamais réussi à s’imposer auprès des musiciens. Cette curiosité organologique serait certainement déjà tombée depuis longtemps dans l’oubli le plus total si précisément Franz Schubert n’avait pas composé sa sonate en La mineur pour cet instrument. Et cette œuvre en trois mouvements est vraiment immortelle. Mais elle pose aussi un problème pour l’Urtext, car sans certaines interventions dans le texte, la partie d’arpeggione originale ne pourrait être exécutée sur l’instrument le plus proche au niveau du timbre, à savoir l’alto ou le violoncelle. La maison d’édition G. Henle résout ainsi le dilemme: d’une part, la partie d’arpeggione originale est superposée à la partie de piano originale (partition), de l’autre, dans la partie séparée jointe à la partition les rares changements d’octaves indispensables sont clairement indiqués. Il était hors de question pour nous d’envisager une autre partie – le violon par exemple (comme dans l’édition Diabelli parue après la mort du compositeur), la flûte ou tout autre instrument mélodique à tessiture aiguë – car toutes ces alternatives s’écartent trop des représentations de timbre que pouvait avoir Schubert. Dans le meilleur des cas, on pourrait envisager – pourquoi pas? – une partie de contrebasse.
Voir le Henle-Blog pour savoir plus sur cette édition.
CONTENU/DÉTAILS
CONCERNANT LE COMPOSITEUR
Franz Schubert
Il est non seulement le créateur du lied savant et son représentant majeur au XIXe s., mais il a également développé dans ses œuvres instrumentales un concept d’écriture opposé à celui du classicisme viennois. Ses «célestes longueurs» reposent sur une structuration du temps qui ne fonctionne pas selon le principe de l’avancement mais thématise le retardement; les modifications ne surviennent généralement pas au cours d’un développement continu, mais par une intrusion soudaine. Ses lieder très élaborés contredisent l’idéal de simplicité qui domine l’esthétique du lied de son temps. Ils fondent le lied savant du XIXe s. et passent pour avoir inspiré de manière exemplaire les générations de compositeurs qui ont suivi. Ils sont déterminés par un langage harmonique complexe, l’intégration d’idiomes de la musique instrumentale, des modèles sémantiques et un nouveau rapport entre texte et musique, en ce que le poème est interprété dans son ensemble par la composition et non pas simplement par le coloriage de mots isolés. Malgré sa brève existence, son œuvre immense comprend 600 lieder, parmi lesquels ses célèbres deux cycles; 7 symphonies achevées, plusieurs symphonies inachevées (dont l’ «Inachevée» en Si mineur) et d’autres œuvres pour orchestre; de nombreuses œuvres de musique de chambre, 14 sonates achevées pour piano, plusieurs sonates inachevées et autres compositions pour piano, des danses pour piano et œuvres pour piano à quatre mains; 6 messes et autres compositions spirituelles; de nombreuses pièces pour chœur ou ensembles vocaux, avant tout pour voix d’hommes. Bien qu’il ait aussi contribué au genre du théâtre musical et que ses amis lui aient prédit une carrière de compositeur d’opéra, seuls deux de ses 10 opéras achevés furent exécutés de son vivant ainsi que la musique de scène pour «Rosamunde».
1797 | Né le 31 janvier à Himmelpfortgrund près de Vienne, fils d’un instituteur. Premières leçons de piano auprès de son frère Ignaz, leçons de violon à l’âge de 8 ans auprès de son père. |
À partir de 1808 | Enfant de chœur à la Hofkapelle; fréquentation du Stadtkonvikt impérial et royal et joue du violon au sein de l’orchestre de cet établissement. Cours auprès d’Antonio Salieri qui tente de familiariser son élève, déjà enthousiasmé par Mozart, Haydn et Beethoven, avec l’opéra italien. Premières compositions conservées. |
1811 | Composition de son premier lied «La Plainte d’Agar». |
1813–14 | Fréquentation de l’École normale, puis enseigne dans l’école de son père. |
1813/14 | Composition de l’opéra féerique «Des Teufels Lustschloss» (Le Château des plaisirs du diable) et de la Symphonie n° 1 en Ré majeur de forme classique. |
1814 | Composition de la messe en Fa majeur D 105. Il écrit des lieder qu’il groupe en fonction des poètes, p. ex. d’après Matthisson et Goethe, parmi lesquels «Gretchen am Spinnrade» (Marguerite au rouet) qui marque le début du lied savant. |
1815 | Composition des Singspiele «Claudine von Villa Bella» d’après Goethe et «Der vierjährige Posten» (La Sentinelle de quatre ans). Achèvement de la Symphonie n° 2 en Si bémol et majeur et composition de la Symphonie n° 3 en Ré majeur ainsi que les messes n° 2 en Sol majeur et n° 3 en Ré majeur; parmi les lieder «Erlkönig». |
1816 | Composition de 110 lieder, des Symphonies n° 4 en Ut mineur et n° 5 en Si bémol majeur, la messe en Ut mineur. Il quitte la maison de ses parents, interrompt son activité d’instituteur et s’installe chez Schober. |
1817 | 60 lieder parmi lesquels «Der Schiffer», «Ganymed», «An die Musik», «Die Forelle», «Gruppe aus dem Tartarus», «Der Tod und das Mädchen». Ses compositions sont exécutées peu à peu (son œuvre comprend déjà environ 500 œuvres). Retour à la maison de ses parents. |
1818 | Il donne des cours aux filles du comte Johann Karl Esterházy. Composition de pièces pour piano à quatre mains. |
vers 1819 | Composition du Quintette avec piano en La majeur («La Truite»). |
1820 | Création à Vienne du mélodrame «Die Zauberharfe» (La Harpe enchantée) et du Singspiel «Die Zwillingsbrüder» (Les Frères jumeaux). Entre autres le lied «Frühlingsglaube». |
1821 | Première Schubertiade: soirée musico-littéraire du cercle des amis de Schubert. Publication des lieder «Erlkönig» et «Gretchen am Spinnrade» ainsi que d’autres lieder sur des poèmes de Goethe et de 36 danses. |
1821–22/24 | Composition / création d’«Alfonso und Estrella», l’un des premiers opéras allemand en composition continue. |
1822 | Achèvement de la Messe en La bémol majeur; Symphonie n° 7 en Si mineur («Inachevée»); Fantaisie en Ut majeur («Wanderer») pour piano qui réunit en un seul mouvement les quatre mouvements caractéristiques de la symphonie. |
1823 | Composition du Singspiel «Les Conjurés» (création à Francfort-sur-le-Main en 1861), de l’opéra héroïco-romantique «Fierrabras» (création à Karlsruhe en 1897) et de la musique de scène pour «Rosamunde», créée à Vienne. Cycle de lieder «La belle Meunière», autres lieder dont «Auf dem Wasser zu singen», «Lachen und Weinen»; Sonate pour piano en La mineur D 784. |
1824 | Assure une nouvelle fois l’instruction des enfants du comte d’Esterházy. Quatuor à cordes en Ré mineur («La Jeune fille et la mort»). «Wandrers Nachtlied» («Über allen Gipfeln ist Ruh»). La Sonate pour piano gagne en importance. |
1825 | Long voyage de villégiature, en autres vers Gmunden-Gastein où il compose la Grande Symphonie en Ut majeur (n° 9, en l’occurrence 8) dans laquelle la forme classique est considérablement élargie (p. ex. le motif de cor au début, structuration du temps). |
1827 | Cycle de lieder «Voyage d’hiver» (contraste entre des niveaux de rêve et de réalité); Messe allemande; 4 Impromptus pour piano; Trios avec piano en Si bémol majeur D 898 et Mi bémol majeur D 929. |
1828 | Publication des 6 «Moments musicaux» pour piano. Composition des trois dernières sonates pour piano en Ut majeur, La majeur et Si bémol majeur (la dernière avec une tendance vers l’ésotérisme), du mouvement de sonate en La mineur (Lebensstürme) pour piano à 4 mains, de la Messe en Mi bémol majeur. «13 lieder d’après des poèmes de Rellstab et Heine» (posthume, «Chant du cygne»). Au mois de mars, concert qui n’est consacré qu’à sa propre musique. Meurt le 19 novembre à Vienne. |
About the Authors
Wolf-Dieter Seiffert (Editeur)
Dr. Wolf-Dieter Seiffert, born in 1959 in Frankfurt/M., read musicology, modern German literature, and philosophy at the Ludwig-Maximilians-Universität in Munich. On a scholarship from the “Studienstiftung des Deutschen Volkes”, he did his doctorate in 1990 with a thesis on “Mozarts frühe Streichquartette” (Rudolf Bockholdt). That same year, Seiffert started work at G. Henle Publishers as an editor. Parallel to his work at the publisher, he completed a diploma in business studies at the St. Gallen University, KMU-HSG, financed by the Günter Henle Foundation. Seiffert became managing director of G. Henle Verlag in 2000.
Seiffert has edited numerous Urtext editions for G. Henle Publishers, predominantly on Mozart’s works.
Klaus Schilde (Doigtés)
Prof. Klaus Schilde, born in 1926, spent his childhood in Dresden. There he was greatly influenced by Walter Engel, who taught him the piano (Kodaly method), composition and violin. From 1946–1948 he studied at the music conservatory in Leipzig with Hugo Steurer. After moving to the west in 1952 he studied with Walter Gieseking and Edwin Fischer, as well as with Marguerite Long, Lucette Descaves and Nadia Boulanger in Paris.
Schilde won numerous prizes. From 1947 onwards he gave concerts as a soloist and chamber musician on almost every single continent with renowned orchestras. He taught at the music conservatories in East Berlin Detmold, West Berlin, Munich, Tokyo (Geidai) and Weimar. From 1988–1991 he was President of the Staatliche Hochschule für Musik und Theater in Munich, where he also taught for decades as a professor. There are numerous radio and television broadcasts with Klaus Schilde as well as CD recordings. Schilde has contributed fingerings to almost 100 Henle Urtext editions.
Prof. Klaus Schilde passed away on 10 December, 2020.
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